Mettre fin au tabou autour du cancer de la prostate – Des personnalités témoignent

Alors que beaucoup d’hommes sont affectés par un cancer de la prostate1, très peu en parlent ouvertement. Le sujet étant tabou, beaucoup de patients se sentent seuls face à la maladie et à ses traitements, qui peuvent avoir un impact tant sur le plan physique que psychologique. Dans de tels moments, savoir que des personnalités publiques ont dû, elles aussi, faire face à la maladie, peut rassurer et permettre de se sentir moins seul. Malgré le tabou, certaines de ces personnes ont eu le courage de partager leur expérience. Nous espérons qu’à travers ces récits, vous trouverez également le courage de partager avec d’autres votre vécu et vos sentiments vis-à-vis de la maladie.

Le cancer de la prostate est fortement associé à un sentiment de honte. Bien que ce diagnostic concerne beaucoup de patients, la plupart d’entre eux sont réticents à l’idée de parler de leur situation. Ils ne veulent pas partager leurs sentiments avec leurs amis, leur famille et plus particulièrement leur partenaire, parce qu’ils ne veulent pas être perçus comme faibles ou sans défense. Les raisons qui sous-tendent ce raisonnement varient d’un homme à l’autre. Certains ont du mal à parler des effets secondaires possibles de la maladie et des traitements, telles que l’impuissance ou l’incontinence. Ils se sentent mal à l’aise dans leur propre corps et craignent de ne plus être attirants pour leur partenaire. D’autres, en revanche, ont peur que la maladie laisse des traces physiques et psychologiques et ont du mal à parler de ces transformations. Surmonter ses inhibitions n’est simple pour personne, mais partager vos inquiétudes ouvertement pendant votre traitement peut avoir un effet libérateur. Si vous ne le faites pas, toutes vos craintes et sentiments restés non-dits peuvent engendrer des troubles émotionnels.

Parler de ses peurs

Peut-être êtes-vous en proie à certaines pensées perturbantes, ou que vous ne savez pas comment faire face aux effets de la maladie, sans parvenir à exprimer vos tourments. Beaucoup de patients ressentent la même chose : ils ne veulent pas se montrer vulnérables et ne parlent donc pas de leur maladie. Si vous êtes dans une situation similaire et que vous avez l’impression de ne pas pouvoir en parler à vos proches, d’autres possibilités existent. Vous pouvez notamment trouver du réconfort en parlant à d’autres patients dans le cadre de groupes d’entraide ou de forums en ligne.

Pour beaucoup, entendre le vécu d’autres hommes atteint d’un cancer de la prostate, recevoir des conseils d’autres patients et échanger des informations avec des personnes qui sont dans le même état d’esprit peuvent apporter une aide inestimable, mais aussi motiver d’autres personnes à partager leur expérience à leur tour. Ainsi, certaines personnalités publiques ayant dû faire face à un diagnostic de cancer de la prostate ont également décidé de partager leur expérience. Alors que leur vie peut paraître très éloignée de celle des autres citoyens, ces hommes doivent souvent faire face aux mêmes problématiques de santé que les autres. C’est pourquoi nous souhaitons vous présenter quelques-uns de leurs témoignages, en espérant qu’ils puissent être une source d’inspiration pour vous.

« Il faut savoir se battre et faire confiance aux médecins » – Jean-Pierre Pernaut2,3

Le 25 septembre 2018, le présentateur emblématique du journal de 13 Heures de TF1 annonçait sur Twitter devoir se retirer « quelques temps » de la présentation du journal pour soigner un cancer de la prostate. Durant son absence, le journaliste a néanmoins tenu le public au courant de son état de santé via les réseaux sociaux avant de reprendre sa place à la présentation du 13 Heures en novembre.

Au cours d’un entretien avec l’hebdomadaire Paris Match, le présentateur est revenu sur son combat contre la maladie, notamment sur la découverte de son cancer : « J’ai passé un examen de routine, pas très agréable, chez mon urologue, comme tous les hommes devraient le faire plus souvent. »

Pour faire face au diagnostic, Jean-Pierre Pernaut a pu compter sur le soutien indéfectible de son épouse, qui l’a notamment encouragé à révéler sa maladie au public : « Nathalie, mon épouse, qui a eu affaire à un cancer beaucoup plus grave que le mien – une leucémie foudroyante – et qui s’est beaucoup battue, m’a aidé à accepter et à relativiser. Elle m’a tout de suite rassuré : “On va le soigner, ce cancer.” »

« Je me suis posé de nombreuses questions dont la plus importante : y a-t-il des métastases ? Il se trouve que, dans mon cas, c’était simple. Mais, franchement, je n’ai jamais eu peur, grâce encore aux multiples discussions que j’ai pu avoir avec mon épouse » confie le présentateur.

« J’ai eu la chance d’avoir été détecté, opéré à temps. Par chance, encore, je n’ai pas eu besoin de traitement après : cette opération a éliminé la bête » explique le journaliste. « Il faut savoir se battre et faire confiance aux médecins, et tout peut très bien se passer comme ça s’est bien passé pour moi. »

Depuis son intervention chirurgicale, Jean-Pierre Pernaut veut sensibiliser le grand public et encourager les hommes à se faire dépister, car « plus on en parle, plus ça incite les gens à aller voir un urologue. » Le journaliste souligne ainsi que « le cancer de la prostate est une maladie grave, mais à partir du moment où on la soigne suffisamment tôt, les médecins font ce qu’il faut pour l’éradiquer. »

Le présentateur déplore notamment le tabou qui subsiste autour du cancer de la prostate : « J’en parle pour cette raison, pour informer. Pendant longtemps, les femmes n’évoquaient pas leur cancer du sein, ce qui compliquait le dépistage. Le cancer de la prostate touche les hommes plus que celui du sein pour les femmes, et il demeure un tabou. Parce qu’il est mal placé, sûrement, et qu’il atteint la virilité masculine », analyse-t-il.

« Il faut du temps » – Ben Stiller

La plupart des gens connaissent l’acteur Ben Stiller pas le biais de ses films. Ce que l’on sait moins, en revanche, c’est qu’un cancer de la prostate lui a été diagnostiqué alors qu’il avait 48 ans. « C’est tombé de nulle part, je ne m’en doutais absolument pas », explique l’acteur américain. Comme beaucoup d’autres hommes, le diagnostic l’a surpris et il s’est informé consciencieusement avant son intervention. Échanger avec d’autres hommes touchés par la maladie l’a énormément aidé.

Le cancer de Ben Stiller a été diagnostiqué à la suite d’un dosage du PSA (antigène prostatique spécifique) qui permet, via une prise de sang, de mesurer son taux dans le sang. Le PSA est une protéine produite par la prostate, présente normalement en faible quantité dans le sang. Si le taux de PSA est élevé, cela peut être le marqueur d’un cancer de la prostate avant l’apparition de symptômes. Cependant, un dosage élevé ne signifie pas toujours qu’il y a un cancer. En effet, d’autres maladies (hypertrophie bénigne de la prostate ou adénome de la prostate, prostatite, infection urinaire ou cystite aiguë) peuvent aussi augmenter le taux de PSA dans le sang4. Même si ce dosage fait toujours l’objet de controverses, ce test a aidé Ben Stiller et bien d’autres patients à être informés de leur maladie.

Par la suite, une intervention chirurgicale a permis de retirer la tumeur, Ben Stiller étant alors âgé de 52 ans. Depuis 2014, l’acteur est libéré de son cancer et aime la vie plus que jamais. Il est notamment reconnaissant d’avoir pu partager le fardeau de la maladie avec d’autres. Son ex-femme, Christine Taylor, et ses enfants ont notamment toujours été à ses côtés et l’ont soutenu pendant son traitement. En parlant de sa maladie, il souhaite aider les autres et les encourager à prendre soin de leur santé en se faisant dépister, parce que sans ce test, il pourrait toujours être dans l’ignorance de son état.

Ben Stiller aborde également des sujets qui, sans sa notoriété, ne trouveraient sans doute pas d’écho dans les médias, tels que la sexualité après le traitement. C’est une inquiétude qui l’a habité jusqu’au jour de son intervention chirurgicale. Il conseille aux patients qui s’inquiètent pour leur sexualité de ne pas se précipiter : « Cela met du temps à revenir. » L’acteur parle très ouvertement de son expérience dans l’interview suivante :

https://www.youtube.com/watch?v=VXBRonwTbqM

L’énergie malgré le cancer de la prostate – Ian McKellen

Ian McKellen est mondialement connu pour son rôle du sorcier à longue barbe Gandalf, dans les films des trilogies du « Seigneur des anneaux » et du « Hobbit ». Un cancer de la prostate a été diagnostiqué il y a plusieurs années à l’acteur. Il comprend en effet que quelque chose ne va pas lorsqu’il doit se lever plusieurs fois par nuit pour aller aux toilettes et se rend donc chez son médecin. Comme chez beaucoup d’autres hommes, sa tumeur grossit très lentement et ne s’est pas encore étendue à d’autres parties de son corps au moment du diagnostic. L’acteur peut donc opter pour un suivi très régulier. « Si la maladie est avérée, il faut la surveiller et s’assurer qu’elle ne se propage pas », explique Ian McKellen, soulignant l’importance de rendez-vous médicaux réguliers.

Affronter le diagnostic n’a pas été facile au début et il doit faire face à de nombreuses émotions. « Quand vous entendez une nouvelle comme celle-là, il faut la digérer. C’est comme pour le dépistage du VIH, vous vous dites : Argh… Est-ce que c’est la fin ? » Pourtant, pour beaucoup, Ian McKellen est l’exemple même qu’il est possible de profiter de la vie, même avec un cancer. Même si les rendez-vous réguliers chez le médecin compliquent le quotidien, il est possible de continuer à mener sa vie d’avant et les personnes touchées n’ont aucune raison d’avoir honte de leur maladie. En effet, malgré sa maladie, Ian McKellen a continué à jouer Gandalf dans les trilogies du « Hobbit » et du « Seigneur des anneaux », et ne veut en aucun cas laisser le cancer de la prostate affecter sa vie.

Les problématiques auxquelles les patients doivent faire face pendant leur traitement peuvent être très diverses. C’est à vous de choisir comment faire face au diagnostic, mais ne pensez pas que vous devez cacher votre état. Ces exemples vous montrent que, quelles que soient ses inhibitions, parler ouvertement de son cancer de la prostate et de ses effets peut se révéler extrêmement bénéfique pour chacun.

 

 

 

 

 

Sources :

1 INCa – Le cancer de la prostate

2 Jean-Pierre Pernaut : « Je peux me considérer comme guéri de mon cancer »

3 Cancer de la prostate : guéri, Jean-Pierre Pernaut adresse un message aux hommes

4 L’Assurance maladie – Le dépistage du cancer de la prostate

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