Soigner son cancer de la prostate : informations sur le diagnostic et les traitements

Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquemment diagnostiqué chez les hommes en France, nettement devant les cancers du poumon et du côlon-rectum.1 Par conséquent, il est très probable que quelqu’un de votre entourage ou vous-même soyez un jour touché par la maladie au cours de votre vie. Apprendre que l’on a un cancer peut être dévastateur et vous pouvez rapidement vous sentir dépassé en essayant de faire le tri parmi les informations sur les options thérapeutiques disponibles ainsi que sur ce qui vous attend. Vous trouverez dans cet article des informations sur la prise en charge du cancer de la prostate, afin que vous puissiez avoir une conversation éclairée avec votre médecin pendant vos consultations.

Les hommes sont forts, courageux et aptes à relever tous les défis physiques : voilà peu ou prou les stéréotypes courants au sujet de la gent masculine. Dès lors, impossible pour eux de tomber malades ! Mais les hommes ne peuvent pas être forts, courageux et en bonne santé tout le temps, et rien ne les oblige à l’être. Pour soigner au mieux un cancer de la prostate, un dépistage précoce et un traitement approprié sont essentiels. Grâce à l’amélioration des traitements, notamment pour les cancers avancés, et à l’accès au dépistage, le risque de perdre la bataille contre le cancer de la prostate a considérablement diminué ces 30 dernières années.1

« La santé est le premier devoir de la vie. » – Oscar Wilde

Interpréter correctement les premiers symptômes

Malheureusement, l’idée préconçue selon laquelle de nombreux hommes évitent les consultations médicales est justifiée. Souvent, ils ignorent les symptômes existants et ne vont chez le médecin qu’une fois que leur qualité de vie quotidienne est durement impactée. Pourtant, et particulièrement dans le cas de maladies comme le cancer de la prostate qui n’entraînent habituellement aucun symptôme au stade initial, il est essentiel de consulter un médecin rapidement afin de les diagnostiquer à un stade précoce. Cependant, de nombreux symptômes peuvent aussi être évocateurs d’autres maladies, comme une augmentation non maligne du volume de la prostate (hypertrophie ou hyperplasie bénigne de la prostate, également appelée adénome prostatique). Par conséquent, il est nécessaire que vous consultiez un médecin si vous ressentez des symptômes ou si vous avez des problèmes de santé chroniques, et que vous preniez l’habitude de faire un bilan médical tous les ans.

Si vous présentez l’un des symptômes suivants, vous devez contacter votre médecin2,3 :

  • Douleur/difficultés lors de la miction, jet d’urine faible/interrompu, volume réduit d’urine
  • Mictions fréquentes, besoins fréquents d’uriner la nuit
  • Sang dans les urines ou le liquide séminal
  • Douleur dans le dos, en particulier dans le bas du dos (par exemple, dans les hanches, le pelvis)
  • Éjaculation douloureuse/de plus faible volume
  • Dysfonction érectile, douleur pendant l’érection
  • Défécation douloureuse/difficile

Le diagnostic

Si certains de ces symptômes vous semblent familiers, une consultation chez votre médecin généraliste ou un urologue vous permettra de déterminer s’il s’agit d’un carcinome de la prostate ou non. Même si le terme de « cancer de la prostate » est connu, nombreux sont les hommes à ne pas savoir ce qu’il signifie exactement. Il s’agit d’une tumeur maligne se développant dans la glande ou la muqueuse de la prostate. Si le carcinome se développe initialement dans la glande prostatique, il peut également se propager dans les stades avancés au niveau des ganglions lymphatiques, des os ou d’autres organes.

Pour traiter la maladie au stade le plus précoce possible, il est important qu’un bilan de santé soit réalisé dans les meilleurs délais. Toutefois, même si les hommes sont conscients qu’un dépistage peut leur sauver la vie, certains renoncent à prendre rendez-vous avec un urologue car ce type d’examen les embarrasse et les met mal à l’aise. La gêne que vous pourriez ressentir à l’idée de passer un test de dépistage ne doit pas vous arrêter. Avant que vous ne passiez l’examen, votre médecin peut vous fournir des informations détaillées sur les différentes étapes de la procédure, ce qui vous permettra de savoir à quoi vous attendre et de limiter vos éventuelles inquiétudes.

Pour déterminer si vous êtes atteint d’un cancer de la prostate, le médecin peut être amené à effectuer plusieurs actes. Il peut procéder à la palpation de votre prostate via un toucher rectal, examen inconfortable mais indolore, afin de vérifier le volume, la consistance et la texture de la surface de la prostate. Étant donné que cela ne permet pas de détecter les tumeurs de petite taille, d’autres examens doivent être réalisés en cas de suspicion de cancer. Des techniques d’imagerie comme l’imagerie par résonance magnétique (IRM), la tomodensitométrie (TDM, ou scanner) ou l’échographie transrectale (ETR) peuvent mettre en évidence d’autres changements au niveau de la prostate, mais elles ne sont pas suffisantes pour diagnostiquer un carcinome.

La mesure du taux d’antigène prostatique spécifique (PSA) dans le sang peut détecter des changements de la prostate et permettre une évaluation initiale de la progression de la maladie. Le PSA est une protéine produite par les cellules de la prostate, présente normalement en faible quantité dans le sang. Un taux élevé peut alors constituer une bonne indication d’un cancer de la prostate. Toutefois, une modification du taux de PSA ne signifie pas nécessairement que vous avez un cancer : une altération de la prostate se produit environ toutes les secondes chez les hommes de 50 ans ou plus et, dans la plupart des cas, la cause est une augmentation bénigne du volume de la prostate. Si votre taux de PSA a augmenté sur une longue période, des échantillons de tissus prostatiques seront prélevés au cours d’une biopsie afin de permettre d’établir le diagnostic de carcinome.

Pour mieux comprendre vos résultats d’examens ainsi que les abréviations et les termes médicaux qu’ils comportent, vous pouvez consulter notre article sur ce thème.

Soigner son cancer avec le traitement approprié

Si vos résultats d’examens indiquent que vous avez un cancer, votre médecin et vous-même devrez alors choisir le traitement qui vous convient le mieux. Ce choix se fera en fonction de votre âge, de votre état de santé, de votre mode de vie et, en particulier, de l’agressivité de la tumeur, c’est-à-dire du stade et des caractéristiques des cellules cancéreuses. En règle générale, on distingue les stades de cancer suivants : localisé, localement avancé ou métastatique. Selon le stade de la maladie, divers traitements sont possibles.

Différentes options thérapeutiques, selon le stade d’évolution du cancer

Si le carcinome ne s’est pas propagé en dehors de la glande prostatique, on parle de carcinome de la prostate localisé. S’il s’est étendu aux tissus voisins de la prostate, il est dit localement avancé. Cela signifie que le cancer peut s’être propagé au niveau des ganglions lymphatiques, du rectum ou des vésicules séminales. Si les cellules cancéreuses se séparent de la tumeur dans la prostate, elles peuvent passer dans le système lymphatique ou dans la circulation sanguine, et atteindre d’autres parties du corps. On parle alors de carcinome de la prostate métastatique. Dans les cas de cancers très avancés, des soins palliatifs peuvent être mis en place afin de soulager la douleur des patients et maintenir leur qualité de vie.

Pour traiter et soulager les effets de la maladie tant sur le plan physique que mental, différentes options thérapeutiques peuvent être employées, selon le stade d’évolution du carcinome :

  • Surveillance active : si le carcinome de la prostate est localisé, d’une taille réduite ou si sa croissance est lente, vous n’avez pas besoin d’entreprendre de traitement immédiatement et pouvez poursuivre votre vie quotidienne tout en restant sous surveillance active. Votre médecin devra effectuer des contrôles réguliers afin de surveiller toute évolution éventuelle de la tumeur ainsi que votre état de santé général. Il est tout aussi important que vous signaliez l’apparition d’éventuels symptômes qui pourraient indiquer un changement au niveau de votre prostate. Pour de nombreux patients, la surveillance active peut constituer une alternative douce, car elle n’implique aucune intervention chirurgicale et n’entraîne aucun effet secondaire. Cependant, elle peut aussi être un fardeau sur le plan psychologique, certains patients pouvant trouver plus difficile psychologiquement de se demander sans cesse si leur carcinome a grandi ou pas plutôt que de subir une intervention chirurgicale.
  • Ablation chirurgicale : en cas de cancer de la prostate, la chirurgie est indiquée lorsque la tumeur ne s’est pas propagée. Une fois que les ganglions lymphatiques ou d’autres organes sont touchés, cette option n’est alors plus suffisante. Dans le cas d’un cancer de la prostate localisé, une prostatectomie radicale, à savoir l’ablation totale de la prostate, peut entraîner l’élimination complète du carcinome. Les risques associés sont la stérilité, l’impuissance et l’incontinence urinaire.
  • Radiothérapie : les patients dont la tumeur est localisée ou localement avancée peuvent être traités par radiothérapie. L’impact sur votre vie quotidienne est moindre, car vous n’avez pas à passer la nuit à l’hôpital lorsque vous recevez votre traitement. Vous ne vous y rendez que pour vos séances, chacune pouvant durer quelques minutes.
    Il existe différents types de radiothérapie. La méthode appropriée dépend du stade de la tumeur. Toutefois, l’âge et les pathologies existantes doivent aussi être pris en considération. Parmi les divers types de radiothérapie, on fait la distinction entre traitement curatif et traitement palliatif (ou antalgique).
    Lorsqu’il est à visée antalgique, ce traitement peut soulager la douleur dans les stades très avancés de la maladie. Lorsque la radiothérapie est utilisée à des fins curatives, les cellules tumorales peuvent être détruites. Différentes méthodes de radiothérapie, que l’on peut différencier entre irradiation externe et irradiation interne, sont actuellement disponibles. Avec la radiothérapie externe, semblable à la radiographie, les faisceaux sont émis depuis l’extérieur du corps à travers la peau, tandis que la radiothérapie interne utilise une source de rayonnement placée à l’intérieur du corps.
    • Pendant les séances de radiothérapie externe, les faisceaux de rayonnement sont dirigés sur la tumeur, dont ils peuvent modifier la structure de l’ADN afin que les cellules ne puissent plus se diviser. Ainsi, la tumeur cesse de grandir ou est détruite. Les cellules cancéreuses sont plus radiosensibles que les cellules saines en raison de leur circulation sanguine active et de leur croissance rapide. Pour préserver les cellules saines et les organes à proximité de la tumeur et ainsi réduire au minimum les effets secondaires, des systèmes de radiothérapie innovante de haute précision tels que la radiothérapie stéréotaxique robotisée peuvent être utilisés. Si votre carcinome est toujours localisé ou localement avancé, la radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité est une option possible.
    • Curiethérapie ou radiothérapie interne : lorsque l’irradiation est réalisée depuis l’intérieur du corps, des « grains » radioactifs peuvent être utilisés comme sources de rayonnement. Dans le cas de la curiethérapie, ils sont insérés à l’intérieur de la prostate à l’aide de fines aiguilles afin d’irradier le carcinome. Comme pour la radiothérapie externe, cela peut être réalisé lors d’une consultation externe, et vous pouvez quitter l’hôpital une fois le traitement terminé.
  • Hormonothérapie / Traitement par privation androgénique (TPA) : l’objectif de ce traitement est de bloquer la production de testostérone, qui a une action stimulante sur les cellules cancéreuses, ce qui peut également arrêter complètement la croissance du carcinome. Hélas, cela ne se produit qu’en de rares cas, la suppression hormonale ralentissant seulement le plus souvent la croissance du carcinome. L’hormonothérapie peut être mise en place avant la radiothérapie afin d’essayer de résorber la tumeur, ce qui peut permettre d’obtenir de meilleurs résultats. Elle peut également être choisie si d’autres traitements ne sont pas possibles, si la maladie s’est déjà propagée trop loin ou si vous présentez un risque accru de récidive du cancer après le traitement.
  • Chimiothérapie : la chimiothérapie est un traitement médicamenteux administré par voie orale ou intraveineuse à des patients atteints d’un cancer de la prostate à un stade avancé, en vue de tuer les cellules cancéreuses ou d’en éviter la multiplication. Ce traitement ne guérit pas le cancer, mais permet aux patients de vivre plus longtemps, d’améliorer leur qualité de vie, de contrôler les symptômes (comme la douleur) ou d’en retarder l’apparition. La chimiothérapie est parfois utilisée en combinaison avec l’hormonothérapie, lorsque le diagnostic initial a mis en évidence un stade avancé de la maladie, ou comme traitement additionnel si l’hormonothérapie ne permet plus de garder le cancer sous contrôle. Les effets secondaires associés à la chimiothérapie varient en fonction du type de médicament, de la dose administrée et de la durée du traitement. Parmi les effets secondaires couramment observés figurent les nausées et les vomissements, la fatigue et la perte de cheveux.

Études cliniques concernant de possibles futurs traitements

D’autres traitements peuvent être mis en place pour lutter contre le cancer. Certains d’entre eux ne sont néanmoins pas encore proposés comme alternative à ceux mentionnés précédemment selon les directives françaises. Ils sont cependant employés dans le cadre d’études cliniques et pourraient constituer des options supplémentaires dans l’avenir.

  • Cryothérapie : cette forme de traitement est utilisée dans les cas localisés de carcinome de la prostate et nécessite un court séjour à l’hôpital. Grâce à la libération d’un gaz très froid par le biais d’aiguilles, semblables aux aiguilles employées en curiethérapie, insérées dans la prostate, la zone affectée par le cancer est traitée : les cellules tumorales sont gelées et détruites.
  • Ultrasons focalisés de haute intensité (HIFU) : le principe de cette méthode repose sur l’utilisation d’ultrasons de haute intensité émis par une sonde endorectale (placée dans le rectum en face de la prostate) et focalisés sur la prostate. Le tissu visé est alors détruit par la chaleur émise (obtention d’une élévation de température qui peut atteindre 100°C produisant alors une nécrose dite de coagulation). L’accumulation de tirs contigus permet, grâce aux déplacements robotisés de la sonde, de détruire la zone ciblée de la prostate, pouvant aller de la tumeur seule (« traitement focal »), à la moitié de la prostate (« hémi-ablation ») ou à la totalité de la glande.4

Aussi utiles et efficaces que puissent être les traitements, ils peuvent néanmoins entraîner certains effets indésirables. N’hésitez pas à en parler avec votre médecin ou votre urologue afin de mieux vous préparer et exprimer toutes les inquiétudes que vous pourriez avoir. Si vous ou quelqu’un de votre entourage présentez certains symptômes, consultez rapidement un médecin. En effet, plus les problèmes physiques sont détectés tôt, plus vous pourrez profiter de la vie, qui est si précieuse.

Si cet article vous a intéressé, nous vous invitons également à lire l’article « Cancer de la prostate et relation amoureuse : comment le diagnostic peut changer votre vie » : https://mesmomentsprecieux.fr/cancer-de-la-prostate/cancer-de-la-prostate-et-relation-amoureuse-comment-le-diagnostic-peut-changer-votre-vie/.

Sources :

1 INCa – Le cancer de la prostate https://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Les-chiffres-du-cancer-en-France/Epidemiologie-des-cancers/Les-cancers-les-plus-frequents/Cancer-de-la-prostate

2 Institut Curie – Cancer de la prostate : symptômes et circonstances de découverte https://curie.fr/dossier-pedagogique/cancer-de-la-prostate-symptomes-et-circonstances-de-decouverte

3Fondation ARC pour la recherche sur le cancer https://www.fondation-arc.org/cancer/cancer-prostate/symptomes-diagnostic-cancer

4ANAMACaP – Traitement du cancer localisé de la prostate par Ultrasons Focalisés de Haute Intensité (traitement HIFU) https://www.anamacap.fr/les-traitements/ultrasons-therapeutiques-hifu/

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