Mis à jour le 23/10/2024
Si la plupart des personnes sont conscientes qu’il est important de faire des bilans de santé préventifs, la maladie reste un sujet tabou et nous sommes nombreux à éluder tout ce qui se rapporte aux soins médicaux. Pourtant, chacun – jeune ou âgé – doit s’en préoccuper, quel que soit le diagnostic pouvant en résulter. À des fins de planification, nous vous donnons ici des précisions sur divers bilans de santé préventifs destinés aux hommes et aux femmes, leur prise en charge par l’assurance maladie et les dispositions à prendre en cas d’urgence.
Pourquoi faire des bilans de santé préventifs ?
Notre mode de vie influe grandement sur notre état de santé [1]. En prenant les précautions nécessaires, il est possible d’avoir un impact positif, voire de prévenir les maladies « répandues » comme le diabète de type 2 et les problèmes cardiovasculaires. Il reste néanmoins important de pratiquer une activité physique suffisante, d’avoir une alimentation équilibrée et de bien gérer le stress lorsqu’une maladie s’est déjà installée. Ces mesures permettent de retarder, limiter ou prévenir les effets de la maladie.
N’oublions pas qu’il existe malgré tout des paliers entre les deux extrêmes que sont la santé et la maladie. Par exemple, le cancer peut être décelé à un stade précoce au cours d’une consultation médicale : la tumeur n’a pas encore causé de symptômes et un traitement peut facilement être mis en œuvre. Même si quelques tests seulement permettent de déceler certains états précancéreux (cancer colorectal ou cancer du col de l’utérus), la détection précoce du cancer lui-même peut avoir un effet positif sur l’issue du traitement [2].
Le traitement du cancer peut également s’avérer plus efficace chez les patients bénéficiant d’une protection à long terme contre de graves maladies infectieuses. C’est pourquoi, en cas de cancer, il est recommandé de se faire vacciner contre certains agents pathogènes (vaccin pneumocoque, vaccin antigrippe) [3]. Demandez à votre médecin traitant de vérifier votre carnet de santé, car certains vaccins ont peut-être besoin d’un rappel ou sont recommandés dans votre cas. En tout état de cause, il est important de consulter régulièrement votre médecin pour un bilan. En plus de faire attention à votre santé, c’est indispensable pour assurer un bon dépistage.
À quels bilans de santé avez-vous droit ?
Dans une optique de promotion de la santé, les personnes couvertes par l’assurance maladie peuvent bénéficier, à partir d’un certain âge, de divers examens préventifs de dépistage auprès de différents spécialistes [4]. Au cours de ces bilans de santé, les médecins évaluent les facteurs de risque et les antécédents médicaux pour faire en sorte de déceler les maladies le plus tôt possible et, éventuellement, de prendre des mesures pour en venir à bout. La liste ci-dessous récapitule les examens médicaux auxquels vous avez droit, en précisant l’âge requis et la fréquence :
- À partir de 16 ans, l’examen de prévention en santé (EPS) est proposé gratuitement par l’assurance maladie à toute personne affiliée au régime général, mais aussi aux ayants droits [5]. Réalisé par un réseau de 85 centres d’examens de santé (CES), l’EPS est adapté à l’âge, au sexe, aux risques ainsi qu’au suivi médical habituel des assurés. Il prend en compte les difficultés d’accès aux soins et à la prévention. Il comprend également des temps d’échanges avec les professionnels du centre : personnel administratif, infirmier, dentiste et médecin ainsi que la réalisation d’examens et d’actions de dépistage [6]. Les thèmes « addictions », « bien-être », « vie affective et sexuelle », « activité physique », etc. font notamment partie de l’EPS pour les jeunes de 16 à 25 ans. La prévention des troubles cardiovasculaires, la prévention des risques de chutes et la participation aux dépistages organisés du cancer font notamment partie des thématiques de l’EPS sénior. Certains thèmes enfin, sont communs à tous comme le tabac et le dépistage du surpoids et de l’obésité par exemple.
- Chaque année, une semaine de prévention et de (télé)dépistage gratuit des cancers de la peau est organisée, en mai, par le Syndicat national des dermatologues-vénéréologues (SNDV), soutenue par l’Institut national du cancer (INCa). Un dermatologue inspecte tout le corps à la recherche de taches claires ou foncées sur la peau [7].
- Le cancer du côlon fait partie des cancers les plus fréquents. Il se situe au 3ème rang chez l’homme et au 2nd rang chez la femme [8]. Et près de 95 % des cancers colorectaux sont diagnostiqués après 50 ans, chez les hommes comme chez les femmes [9]. C’est pourquoi, entre 50 at 74 ans, vous pouvez bénéficier d’un test de dépistage du cancer colorectal gratuit dans le cadre du programme national de dépistage organisé. Ce dépistage consiste à réaliser chez soi, tous les 2 ans, un test de recherche de sang caché dans les selles. Si du sang est trouvé dans les selles lors du test de dépistage, une coloscopie est effectuée [9]. Elle permet de diagnostiquer un cancer colorectal à un stade peu évolué, voire d’éviter un cancer en mettant en évidence des polypes ou adénomes, avant qu’ils ne dégénèrent en lésions cancéreuses. Plus un cancer colorectal est détecté tôt, moins les traitements sont lourds et plus les chances de guérison sont importantes [9].
Pour individualiser au maximum le suivi médical, d’autres bilans de santé préventifs sont spécialement prévus pour les hommes et pour les femmes.
Bilans de santé chez les hommes
Malheureusement, les hommes sont moins assidus en ce qui concerne les bilans de santé, alors que ces examens sont tout aussi importants pour eux. À partir de 15 ans, il est recommandé de veiller à ses testicules et de signaler à son médecin tout changement, tel que l’apparition d’une bosse, une douleur, un inconfort ou une sensation de lourdeur anormale, qui pourrait être évocateur d’un cancer du testicule [10]. De 40 à 70 ans, des prises de sang sont nécessaires pour détecter le cholestérol (bilan lipidique) et le diabète (glycémie à jeun), tous les ans, 2 ans ou 3 ans, selon votre état de santé [10].
Bilans de santé chez les femmes
Chez les femmes, le programme de dépistage du cancer commence à 25 ans. En effet, le dépistage du cancer du col de l’utérus est proposé à toutes les femmes âgées de 25 à 65 ans. Pour les femmes entre 25 et 29 ans, le test de dépistage est réalisé par examen cytologique ou examen des cellules prélevées lors du frottis du col de l’utérus : les deux premiers tests sont réalisés à 1 an d’intervalle, puis, si les résultats sont normaux, un frottis est réalisé à 3 ans. Pour les femmes de 30 à 65 ans, le test HPV-HR (détection des virus HPV à Haut Risque), plus efficace pour ces femmes, remplace l’examen cytologique du frottis. Le test HPV-HR est réalisé 3 ans après le dernier examen cytologique dont le résultat est normal ou dès 30 ans en l’absence de dépistage antérieur. Un nouveau test est refait tous les 5 ans, jusqu’à l’âge de 65 ans, dès lors que le résultat du test est négatif [11].
Le cancer du sein est le type de cancer le plus souvent diagnostiqué chez les femmes. On recense chaque année plus de 61 000 cas de carcinome mammaire en France [12]. Le risque de cancer du sein augmentant à partir de 50 ans, les femmes de 50 à 74 ans, sans symptômes et n’ayant pas de facteurs de risque particuliers de cancer du sein, autre que leur âge, bénéficient d’un dépistage organisé du cancer du sein. Dans ce cadre, elles peuvent effectuer tous les deux ans une mammographie prise en charge par l’assurance maladie. Dans certaines situations, une échographie des seins est nécessaire pour compléter la mammographie, par exemple lorsque la densité des seins ne permet pas d’interpréter correctement la mammographie [13]. Les femmes ayant un risque élevé ou très élevé de cancer du sein peuvent bénéficier d’un suivi spécifique adapté à leur situation individuelle. Depuis le 1er septembre 2016, les personnes nécessitant un dépistage spécifique peuvent bénéficier d’une prise en charge à 100 % pour les examens recommandés dans leur situation [13].
Prendre les symptômes au sérieux
Quel que soit l’intervalle préconisé pour ces examens, les principes suivants s’appliquent : il est important de prendre au sérieux tout symptôme ou toute douleur et de demander un avis médical. Maux de tête intenses et soudains, perte de poids inexpliquée, modifications du sein, troubles de la continence urinaire ou de la digestion, sensation de lourdeur, dépression, fièvre sont autant de symptômes qui n’évoquent pas nécessairement une maladie grave, mais s’ils persistent plusieurs jours, il est recommandé de consulter un médecin. N’attendez pas votre prochain bilan de santé. Aidez votre médecin à identifier la cause des douleurs persistantes et n’ignorez pas les signaux d’alerte envoyés par votre organisme. Dès la confirmation du diagnostic, l’assurance maladie prendra en charge les examens médicaux complémentaires. Si la maladie est détectée à temps, il est alors possible de prévenir au maximum les complications à long terme.
Il est également important de rester en étroite communication avec votre médecin pour connaître les bénéfices et les risques des examens de dépistage précoce du cancer. Ce n’est qu’en ayant suffisamment d’informations objectives que vous pourrez décider d’effectuer ou non un dépistage.
Connaître vos risques de cancer en fonction de vos habitudes de vie
En changeant nos comportements quotidiens et nos modes de vie, il serait possible de prévenir près de la moitié des cancers. En partant de ce constat, l’Institut national du cancer a mis au point un test facile et rapide pour connaître – en fonction de ses habitudes de vie – son niveau de risque vis-à-vis du cancer et adapter son comportement quotidien en conséquence.
En répondant à quelques questions, vous pourrez découvrir à la fin du test vos conseils personnalisés pour agir pour votre santé contre les risques de cancer [14].
Préparatifs en cas d’urgence
Malgré toutes les précautions que vous prendrez, une situation d’urgence n’est jamais exclue. Vous risquez ainsi, soudainement, de ne plus être en état de décider par vous-même de votre traitement médical, à la suite d’une maladie ou d’un accident. Pour parer à cette éventualité, vous pouvez exprimer votre volonté dans des directives anticipées [15].
Il s’agit pour vous d’exprimer vos volontés par écrit sur les décisions médicales à prendre lorsque vous serez en fin de vie, sur les traitements ou actes médicaux qui seront ou ne seront pas engagés, limités ou arrêtés. Au moyen d’une procuration permanente, votre médecin et vos proches sauront quelles sont vos volontés, même si vous ne pouvez plus vous exprimer.
En cas d’absence de directives anticipées, le témoignage de la personne de confiance pour recueillir les volontés d’un patient en fin de vie et hors d’état de les indiquer prévaut sur tout autre avis émis par la famille ou les proches. Vous devez choisir une personne de confiance qui agira dans votre intérêt si vous n’êtes plus en mesure de le faire vous-même. Chaque patient peut aussi confier ses volontés de fin de vie à un membre de sa famille ou à un proche. Au moment opportun, ces derniers, ne donneront pas leur avis mais témoigneront de ce qu’aurait été la volonté du patient [16].
Comme indiqué en introduction de cet article, il n’est pas facile de se pencher sur les questions touchant la maladie et la santé, surtout lorsque vous vous sentez en pleine forme. Toutefois, ce n’est qu’en réfléchissant en amont à la prise en charge souhaitée que vous aurez la certitude de voir votre volonté respectée.
Si cet article vous a intéressé, nous vous invitons également à lire l’article « Diagnostic de cancer : comprendre ses résultats d’examens » : https://mesmomentsprecieux.fr/vivre-avec/diagnostic-de-cancer-comprendre-ses-resultats-dexamens/
[1] France Assos Santé – Santé et prévention : les vertus des bonnes habitudes (hygiène de vie, nutrition…), dernière consultation le 21/10/2024.
[2] INCa – Dépistage et détection précoce, dernière consultation le 21/10/2024.
[3] Unicancer – Vaccination des patients adultes suivis pour un cancer, dernière consultation le 21/10/2024.
[4] Ameli – Prévention et dépistages, dernière consultation le 21/10/2024.
[5] Ameli – Un examen de prévention en santé personnalisé près de chez vous, dernière consultation le 21/10/2024.
[6] Ameli – Mon bilan prévention, un temps d’échange dédié à la prévention, dernière consultation le 21/10/2024..
[7] SNDV – Semaine de prévention et de dépistage des cancers de la peau, dernière consultation le 21/10/2024.
[8] Santé Publique France – Cancer du côlon rectum : données, dernière consultation le 21/10/2024.
[9] Ameli – Le dépistage organisé du cancer colorectal : un test simple et indolore, dernière consultation le 21/10/2024.
[10] Passeport santé – Santé des hommes : 7 points à surveiller de près, dernière consultation le 21/10/2024.
[11] Ameli – Le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus, dernière consultation le 21/10/2024.
[12] INCa – Le cancer du sein, dernière consultation le 21/10/2024.
[13] Ameli – Le dépistage organisé du cancer du sein pour les femmes entre 50 et 74 ans, dernière consultation le 21/10/2024.
[14] INCa – Agir pour sa santé contre les risque de cancer, dernière consultation le 21/10/2024.
[15] Service public – Directives anticipées : dernières volontés sur les soins en fin de vie, dernière consultation le 21/10/2024.
[16] Santé.fr – Exprimer ses volontés avec les directives anticipées, dernière consultation le 21/10/2024.