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Anomalies cognitives post-chimiothérapie : troubles de la concentration et pertes de mémoire après un traitement contre le cancer

Anomalies cognitives post-chimiothérapie : de quoi s’agit-il vraiment ?

Après un traitement contre le cancer, bon nombre de patients peinent à reprendre une vie normale et à retrouver leurs marques au sein de leur famille ou au travail. S’ils sont remis sur le plan physique, ils remarquent parfois une dégradation de leurs capacités mentales : trous de mémoire, troubles de la concentration, difficultés à planifier leurs tâches quotidiennes, etc. Les troubles des fonctions cognitives sont retrouvés chez 15 à 50 % des patients traités pour un cancer1. Ces troubles, étudiés pour la première fois en 1995, sont appelés « anomalies cognitives post-chimiothérapie » ou encore « chemobrain »2.

Symptômes

Les personnes touchées observent une limitation de leurs capacités sur les plans suivants :

  • Mémoire
  • Nouveaux apprentissages
  • Concentration
  • Planification et prise de décision au quotidien1,2

Pendant leur traitement contre le cancer, beaucoup de patients rencontrent des difficultés à cerner les problèmes ou font des erreurs inhabituelles. Dans le jargon scientifique, on parle de « troubles cognitifs » (les fonctions cognitives désignent la perception, la reconnaissance, la capacité à réfléchir). La gravité et la durée de ces symptômes varient énormément d’un patient à l’autre. Les personnes concernées et leurs proches traversent alors une période souvent jugée très stressante, et leur qualité de vie s’en ressent3.

Traitement

L’évolution des anomalies cognitives post-chimiothérapie étant difficile à prévoir, il n’existe aucun traitement systématique validé. Toutefois, diverses approches permettent d’atténuer ces troubles, comme la thérapie comportementale, la thérapie par le mouvement, la méditation, la pleine conscience, suivre un parcours de remédiation cognitive, ou parfois, les traitements médicamenteux1.

Pour savoir quelle option thérapeutique est la plus adaptée dans votre cas, consultez votre médecin en lui décrivant les problèmes que vous rencontrez. D’après vos antécédents, il sera en mesure de vous présenter les solutions envisageables et vous orientera si nécessaire vers d’autres spécialistes, tel un psycho-oncologue.

Il est recommandé de prendre des notes avant de discuter avec votre médecin. Répondez par écrit aux questions suivantes :

  • Quels sont vos symptômes ?
  • Quel traitement avez-vous suivi ?
  • Quand les symptômes sont-ils apparus ?
  • Observez-vous plutôt une amélioration ou une aggravation des symptômes ?

Au cours de la consultation, pensez à noter ce que vous dit votre médecin. Vous pouvez également juger utile de demander un second avis médical. N’oubliez pas que bon nombre de patients atteints d’un cancer ont l’impression que leur mémoire ne fonctionne plus aussi bien qu’avant. Vous n’êtes pas un cas isolé et il existe des solutions pour lutter contre les troubles de la concentration, dès lors que vos antécédents médicaux sont pris en compte1.

Les causes des troubles de la mémoire

Le terme « post-chimiothérapie » donne l’impression que ces anomalies cognitives découlent automatiquement de la chimiothérapie. Toutefois, les études menées sur le sujet n’ont pas prouvé l’existence d’une telle corrélation4. D’après les experts, plusieurs facteurs déclencheurs peuvent être en cause. Outre les effets induits par divers traitements contre le cancer (comme la chimiothérapie, l’hormonothérapie, la radiothérapie, la chirurgie ou l’immunothérapie1), voici les autres causes évoquées :

La fatigue, parfois chronique, peut découler des suites d’un traitement contre le cancer. Chez les personnes concernées, les troubles de la concentration et de la mémoire sont également fréquents5, d’où la difficulté de distinguer les symptômes liés à la fatigue des anomalies cognitives post-chimiothérapie. Les solutions efficaces contre la fatigue chronique peuvent également fonctionner ici1. Encore une fois, adressez-vous à votre médecin pour déterminer si vous souffrez de fatigue et prendre les mesures qui s’imposent.

Par ailleurs, le cancer peut avoir un impact majeur sur le mental et divers facteurs psychologiques sont fortement susceptibles d’occasionner des troubles de la mémoire. Le cancer bouleverse généralement la vie des patients. Certains jours, la peur et l’inquiétude prédominent : il est impossible de mener une vie normale. Cette épreuve psychologique est source de stress, lequel nuit à la mémoire et aux fonctions cérébrales.

Les mesures à prendre

Le stress pouvant être à l’origine de troubles cognitifs, diverses techniques de relaxation comme le training autogène de Schultz ou la relaxation musculaire progressive selon Jacobson offrent un moyen de l’atténuer6. Le travail sur la mémoire (mots croisés, exercices mentaux) et sur la concentration peut libérer les tensions internes et renforcer la faculté de concentration. Vous pouvez donc bel et bien agir pour améliorer vos fonctions cognitives. Voici quelques conseils pour vous lancer :

  • Déterminez à quelle heure de la journée vous parvenez le mieux à vous concentrer. Profitez de ce moment pour effectuer des tâches particulièrement difficiles.
  • Divisez les tâches de longue haleine en plusieurs petites étapes que vous réaliserez au fur et à mesure.
  • Allez prendre l’air dès que votre faculté de concentration décline.
  • Prévoyez des pauses régulières entre vos tâches, et prenez le temps de boire et de manger.
  • Ne vous séparez plus de votre bloc-notes afin d’y consigner directement tout ce qui est important.
  • Inscrivez vos rendez-vous sur un calendrier.

Voici également quelques recommandations générales visant à améliorer votre bien-être, votre santé, mais aussi votre faculté de concentration :

Si cela ne s’explique pas toujours clairement, force est de constater que les troubles de la mémoire sont fréquents chez les patients atteints d’un cancer. Néanmoins, les études montrent également que ces symptômes finissent par disparaître7, au bout d’une période plus ou moins longue. Ne prenez pas la situation à la légère et parlez ouvertement du problème à votre médecin.

Cet article vous a intéressé ? Nous vous invitons à lire également l’article « L’art thérapie : soulager les maux du cancer » : https://mesmomentsprecieux.fr/vivre-avec/lart-therapie-soulager-les-maux-du-cancer/

Bibliographie

1 Noal S, et al. Fonctions cognitives après cancer : quelles réalités ? La Lettre du Cancérologue 2010; Vol. XIX(3):180-5.

2 Debess J, et al. Cognitive function after adjuvant treatment for early breast cancer: a population-based longitudinal study. Breast Cancer Res Treat 2010; 121(1):91-100.

3 Matsuda T, et al. Mild cognitive impairment after adjuvant chemotherapy in breast cancer patients–evaluation of appropriate research design and methodology to measure symptoms. Breast Cancer 2005;12(4):279-87.

4 Hermelink K, et al. Chemotherapy and Post-traumatic Stress in the Causation of Cognitive Dysfunction in Breast Cancer Patients. J Natl Cancer Inst 2017; 109(10).

5 Dr Joseph KERGER Institut Jules Bordet : Les multiples facettes de la fatigue liée au cancer, dernière consultation le 19/12/2023.

6 Miron Cusa. La relaxation : définitions et méthodes (service de psychiatrie adulte), dernière consultation le 19/12/2023.

7 Amidi A, et al. Long-term subjective cognitive functioning following adjuvant systemic treatment: 7–9 years follow-up of a nationwide cohort of women treated for primary breast cancer. Br J Cancer 2015; 113(5):794-801.

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