Mis à jour le 18/10/2024
Face à la maladie, la massothérapie peut aider les personnes atteintes d’un cancer, tant sur le plan physique que sur le plan émotionnel, et peut améliorer leur qualité de vie. Les patients ont souvent recours à la massothérapie pour aider à soulager les muscles endoloris ou encore la raideur musculaire, mais pas seulement. C’est ce que nous vous proposons de découvrir dans cet article.
La massothérapie, ou « massage qui soigne », est un traitement thérapeutique par les massages qui existe depuis des milliers d’années1. En effet, celle-ci faisait partie de la médecine traditionnelle chinoise, vieille de 4 000 ans, ainsi que de la médecine ayurvédique de l’Inde1,2. Des techniques manuelles de guérison sont également utilisées en Égypte et en Afrique depuis plus de 4 000 ans1. En Occident, la pratique date de l’époque gréco-romaine. Hippocrate (460-377 av. J.-C.), le « père » de la médecine occidentale, l’utilisait comme méthode de traitement1,2.
Les principaux objectifs de la massothérapie sont de favoriser la détente musculaire et nerveuse, la circulation sanguine et lymphatique, l’assimilation et la digestion des aliments, l’élimination des toxines, le bon fonctionnement des organes vitaux et l’éveil à une conscience psychocorporelle1.
Quels sont les bienfaits de la massothérapie pour les personnes atteintes d’un cancer ?1,3-6
Grâce à son approche sensorielle structurée et thérapeutique, la massothérapie peut vous procurer d’importants bénéfices physiques et psychologiques. Grâce à ses effets anti-stress (diminution du cortisol, l’hormone du stress) et ses effets activateurs (augmentation de la sérotonine ou de la dopamine, hormones du bonheur), elle vous permet de lâcher prise7, d’améliorer la réponse de votre système immunitaire et de mieux appréhender les expériences stressantes dues à la maladie8. Outre ses effets immédiats en apportant confort et reconnexion à la vie quotidienne et en vous permettant d’oublier la maladie quelques instants, la massothérapie permet d’améliorer :
- le degré de relaxation,
- l’humeur,
- la qualité du sommeil5,6,
- le niveau d’énergie,
- la sensibilité des mains ou des pieds à la suite d’une chimiothérapie ayant altéré les terminaisons nerveuses8,
- la raideur musculaire5,
- la circulation5,
- l’appétit4,
- l’acceptation de soi, notamment dans le cas du cancer du sein,
- ainsi que le bien-être et la qualité de vie du patient.
Et de diminuer :
- la fatigue5,9,10,
- l’anxiété5,6,10,
- les nausées5,
- la tension musculaire4,
- les lymphœdèmes4,
- le stress5,
- les engourdissements4,
- les douleurs, notamment celles faisant suite à une chirurgie10-12, ou encore les maux de tête5,
- la dépression5,6.
Selon une étude réalisée sur une période de trois ans, auprès de 1 290 patients atteints d’un cancer, au Memorial Sloan-Kettering Cancer Center de New York, les patients ayant bénéficié d’un massage suédois ou d’un massage par effleurement, enregistrent une réduction de près de 50 % de la fatigue, des nausées, des douleurs et de l’anxiété, effet qui persiste pendant 48 heures7,13.
La massothérapie renforce aussi les effets des médicaments et agit sur l’état émotionnel et psychologique du patient en réduisant les tensions et l’anxiété, et en luttant contre la dépression. Cette relaxation influe positivement sur sa guérison lui permettant de mieux vivre son traitement. Le patient se sent mieux et retrouve confiance en lui6.
Il est à noter que la massothérapie aide aussi les aidants, en améliorant par exemple l’humeur chez les femmes s’occupant de leur conjoint atteint d’un cancer, en plus de réduire considérablement le stress perçu.
Comment s’y retrouver parmi les différents types de massage proposés ?1,5
La massothérapie se pratique surtout à l’aide des doigts et des mains, mais aussi avec les pieds, les coudes et même les genoux. Selon la technique utilisée, les manœuvres peuvent être appliquées sur tout le corps ou sur une seule partie. Bien qu’il existe de très nombreuses techniques différentes de massage, celles-ci peuvent être classées en 5 grands groupes :
- La tradition européenne de masso-kinésithérapie, basée sur les principes d’anatomie et de physiologie occidentaux et la manipulation des tissus mous, constitue la méthode dite classique. Ainsi, par exemple, le massage suédois, qui en fait partie, consiste en de longs effleurements, des pressions, des étirements et des frictions pour délier les muscles tendus.
- La tradition moderne nord-américaine, également basée sur les principes d’anatomie et de physiologie occidentaux, mais qui intègre une dimension psychocorporelle aux concepts traditionnels comprend le massage californien, le massage Esalen, le massage néo-reichien et le massage neuromusculaire.
- Les techniques posturales, visant à remodeler la structure corporelle par une rééducation de la posture et du mouvement, comme l’intégration posturale, le Rolfing, le Trager et le Hellerwork.
- Les techniques orientales, basées, entre autres, sur les principes de la médecine traditionnelle chinoise, comme le massage Tui na, l’acupression, le shiatsu, la réflexologie et le Jin Shin Do.
- Les thérapies énergétiques, inspirées d’anciennes pratiques de guérison utilisant l’imposition des mains, comme le toucher thérapeutique, le Reiki et la polarité.
Comment la masso-kinésithérapie peut-elle vous aider à mieux vivre votre traitement contre le cancer ?14,15
La kinésithérapie, ou « traitement par le mouvement », peut constituer un véritable accompagnement de votre traitement par des massages, étirements, assouplissements des tissus et des cicatrices, traitement de la douleur, renforcement musculaire, drainage, etc. Elle agit au niveau musculaire et articulaire. Les techniques sont utilisées dans le but de rééduquer le mouvement ainsi que la posture de la personne. Elle permet d’éviter que vous n’adoptiez, par réflexe, des positions qui semblent vous soulager sur le moment mais qui peuvent être sources d’enraidissement. Un des actes de la masso-kinésithérapie est le massage, c’est-à-dire la sollicitation des tissus (muscles, tendons ou encore tissus sous-cutanés) du patient, par différentes techniques manuelles.
Dans le cas du cancer du sein, la kinésithérapie joue un rôle essentiel dans les soins post-opératoires après ablation de la tumeur ou du sein14,15. Le kinésithérapeute s’occupe d’abord de décontracter et relaxer la patiente. Il utilise fréquemment de la chaleur ou des ultrasons. La kinésithérapie permet, à l’aide de drainages lymphatiques (toucher et pression rythmiques, légers et lents, qui aide le corps à faire circuler la lymphe dans tout le système lymphatique) et de rééducation articulaire, de récupérer l’amplitude articulaire et la mobilité de votre épaule et de votre bras, de venir à bout des hématomes, des adhérences et des cicatrices et d’atténuer les douleurs vives (syndrome des cordelettes axillaires ou thromboses lymphatiques superficielles). Après la chirurgie, les séances de kinésithérapie permettent à la patiente d’aborder la phase de radiothérapie dans de meilleures conditions. En effet, pendant les séances de radiothérapie de l’aisselle, la kinésithérapie agit, via des techniques douces de drainage manuel, pour prévenir et traiter les coques, en assouplissant les tissus, en drainant et en entretenant la souplesse articulaire. Elle a aussi un rôle important à jouer dans le traitement des complications veineuses et/ou lymphatiques (lymphocèle, lymphœdème du bras). La kinésithérapie prépare également les tissus à la reconstruction ultérieure et en améliore les résultats grâce à des massages et des étirements spécifiques de la peau du thorax qui permettra une meilleure mise en place d’un implant mammaire par exemple. Enfin, après la reconstruction, et sur indication de votre chirurgien, elle permet de traiter les cicatrices et les hématomes. Une mobilisation de votre épaule et l’utilisation de techniques manuelles, douces et adaptées, au niveau de la zone reconstruite visent à améliorer la circulation locale. Enfin, le kinésithérapeute a pendant toute la durée de sa prise en charge un rôle de surveillance et d’information de votre chirurgien à la moindre anomalie.
Le massage ayurvédique peut-il aussi aider les patients atteints d’un cancer ?16-18
Le massage ayurvédique est une thérapie manuelle, pratiquée sur tout le corps ou sur une partie, visant à soulager le patient via une prise en charge non-médicamenteuse. Il offre une reconnexion corps-mental-émotion à travers une expérience de toucher non-intrusif, délicat mais puissant et apaisant qui redéfinit les contours physique et psychique de ce corps malmené pendant plusieurs mois. Cette pratique peut s’insérer à tout moment dans le processus de guérison du patient. En effet, ce type de massage peut se pratiquer à chaque stade de la maladie. Il évoluera en fonction de l’état du patient. Il permet de se réapproprier son corps et de suivre « de l’intérieur », via son propre ressenti, l’évolution de son « enveloppe » charnelle et de la reconnecter à son mental. Il ne s’agit pas que de massage de confort, mais d’un réel accompagnement vers la guérison. Adapté aux besoins de la personne, il tient compte des spécificités de chacun. On constate assez vite une amélioration de l’état douloureux et anxieux. Le patient ressort apaisé, plus léger de la séance. Généralement, le sommeil et la digestion sont fortement et positivement impactés par cette pratique qui travaille sur tous les organes. Une amélioration globale de la qualité de vie est observée ainsi qu’une nette diminution du stress. Un bien-être apparaît et une sensation de vitalité naît de cet état positif retrouvé.
Comment se déroule une séance de massothérapie ?1
« Une discussion précède souvent le massage et se solde souvent par des larmes salvatrices », Dr Alain Toledano, radiothérapeute oncologue et président de l’Institut Rafaël
Le déroulement d’une séance de massothérapie varie selon la technique employée. Le massage peut en effet être effectué sur une personne dénudée (un drap couvre votre corps) ou habillée de vêtements amples, en position couchée ou assise, avec ou sans huile ou crème, sur tout le corps ou une partie (cuir chevelu, nuque, visage, dos, mains et bras, pieds et jambes) et sur différents types de support : table de massage, tapis posé au sol, chaise ergonomique. Quant aux lieux de massages, ceux-ci sont également très divers : centres de lutte contre le cancer, chambres d’hôpital, groupements de thérapeutes, à domicile… La séance peut durer de 20 minutes à 2 heures selon le type de massage et les objectifs souhaités. La salle peut parfois vous faire bénéficier d’un éclairage tamisé et d’une musique douce pour vous aider à vous détendre durant la séance de massage. En début de séance, le massothérapeute s’entretient avec vous afin d’évaluer vos besoins, vos envies, et de choisir avec lui le type de massage à vous prodiguer. Au cours de la séance de massothérapie, le masseur effectue divers gestes sur votre corps selon la pratique sélectionnée.
Existe-t-il des contre-indications à la massothérapie ?1,5,6,15
Il est préférable de faire appel à un massothérapeute spécialisé, habitué à masser des personnes souffrant d’un cancer et donc en mesure d’adapter la technique de massage aux besoins spécifiques du patient. N’hésitez-pas à demander conseil à votre équipe médicale qui peut vous aider à trouver la liste des masseurs ou des masseurs-kinésithérapeutes spécialisés dans votre prise en charge15.
Chaque situation étant particulière, après un bilan, votre masseur vous proposera une prise en charge adaptée. Il tiendra compte de votre âge, du type de traitement que vous avez reçu ou que vous recevez encore, de votre état physique et de vos antécédents médicaux. Selon votre état de santé global et les traitements du cancer que vous recevez, vous pourriez devoir éviter certains types de massage.
Il existe quelques rares contre-indications à la massothérapie, notamment en cas de processus inflammatoire, de fièvre, de fractures, de plaies récentes ou d’ecchymoses. De plus, étant donné que le massage augmente la pression artérielle et abaisse le rythme cardiaque, il doit être précédé et suivi d’une évaluation de ces paramètres quand il est effectué sur des patients sensibles à ces modifications. En cas de troubles circulatoires (phlébite, thrombose, varices), cardiaques (artériosclérose, hypertension, etc.) et de diabète, il convient d’obtenir un avis médical. Enfin, les personnes atteintes d’un cancer des os doivent éviter toute manipulation des zones affectées pour éviter de causer des fractures.
La massothérapie permet aussi de soulager les enfants atteints de cancer et leurs parents19,20
« Beaucoup de publications scientifiques montrent que le massage régulier peut aider à limiter la douleur et à soulager les effets secondaires pendant un cancer », Dr Perrine Marec Berard, pédiatre et oncologue à l’Institut d’hématologie et d’oncologie pédiatrique (IHOPe, Lyon)
Le massage chez l’enfant permet de lutter contre les symptômes présents lors de la maladie : diminution de la douleur, des nausées, du stress, de l’anxiété et augmentation des globules blancs et des neutrophiles20. Une vingtaine d’hôpitaux français forment désormais les parents d’enfants malades aux massages19. Cette pratique encourage les parents et les soignants à s’occuper des enfants avant, après ou pendant des soins douloureux, pour leur redonner le sourire, par l’intermédiaire d’un jeu baptisé les « Massages magiques » qui invite petits et grands à se servir du toucher pour mieux se reconnecter. C’est l’enfant qui choisit la durée du massage, la partie du corps et les gestuelles. Ce moment peut se dérouler pendant les soins, afin de détourner l’attention. Car moins le jeune patient sera tendu, mieux il supportera ses traitements. Mais aussi après les séances de chimiothérapie, les massages permettent à l’enfant de relâcher toutes les tensions et de mieux lutter contre l’anxiété et les nausées.
Si cet article vous a intéressé, nous vous invitons également à lire l’article « L’art thérapie : soulager les maux du cancer » : https://mesmomentsprecieux.fr/vivre-avec/lart-therapie-soulager-les-maux-du-cancer/.
Liens utiles
- L’Institut Rafaël, centre de médecin intégrative : la maison de l’après cancer
- L’Association francophone pour les soins oncologiques de support (AFSOS)
- L’Association française des masseurs-kinésithérapeutes pour la recherche et le traitement des atteintes lympho-veineuses (AKTL)
Références
- Massothérapie : définition, les différentes techniques de massage. PasseportSanté. Consulté le 09/10/2024
- Calvert RN. The History of Massage : An Illustrated Survey from Around the World, Healing Arts Press, États-Unis, 2002.
- Les bienfaits du massage sur le cancer. La Ligue contre le cancer. Consulté le 09/10/2024
- Ho SSM, et al. Experiences of aromatherapy massage among adult female cancer patients: A qualitative study. J Clin Nurs 2017; 26(23-24):4519-26.
- Massothérapie. Fondation québécoise du cancer. Consulté le 09/10/2024
- Le massage bien-être auprès des personnes touchées par le cancer. E&S. Consulté le 09/10/2024
- L’oncomassage : un soin médical ? RoseUp. Consulté le 09/10/2024
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